vendredi 18 août 2017

Le jeune et héroïque capitaine Belin

C'est au domicile de son grand-père maternel, M. Feuillette, propriétaire rue du Collège à Saint-Dizier, que naît Henri, Eugène, Bernard, Joseph Belin, le 6 juillet 1893. Son père, Eugène, Hyppolite, Louis Belin était alors chef de bataillon au 1er régiment d'infanterie de marine, à Cherbourg (Manche). Agé de 36 ans, il était l'époux de Marie, Josèphe, Philomène Feuillette, 21 ans. 
 Comme son père, Henri sera militaire. Il intègre Saint-Cyr, promotion de Montmirail (1912-1914). Sorti du concours avec le numéro 81, il est appelé, en 1912, à servir, durant son année de service militaire, au 27e régiment d'infanterie de Dijon. Au sein de cette promotion, on retrouve d'autres Haut-Marnais, comme Henri Bestagne (2e rang), de Chaumont, Pierre-Léon-Maurice Cherrey (32e rang), de Bussières-lès-Belmont, Jacques-Irénée-Marie-Etienne De Goy (44e rang), de Chaumont – ces trois-là trouveront la mort durant le conflit -, mais également Joseph-Marie-Henri-François-Xavier de Curières de Castelnau, fils du général, qui a vécu à Chaumont de 1908 à 1911, et qui rejoindra le 109e RI... de Chaumont, Georges Loustaunau-Lacau, futur héros du réseau Alliance dans la Résistance, ou encore Paul-François de Mintéguiaga, destiné au 12e régiment de chasseurs, qui sera le mitrailleur du pilote haut-marnais Fétu... 

Belin a 21 ans lorsque pour compter du 5 août 1914, il est nommé sous-lieutenant au 45e régiment d'infanterie. A la mobilisation, le Bragard sert dans la 1ère compagnie du 1er bataillon. Dès le 18 août, il est blessé à l'occasion d'une reconnaissance à Evrehailles, en Belgique. 
Deux ans plus tard, à 23 ans, il commande la 9e compagnie du III/45e RI, obtenant le grade de capitaine à titre définitif le 30 décembre 1916. Puis, alors qu'il est en permission, il est muté, par décision du 20 septembre 1917, au 152e RI, le fameux régiment des Diables rouges. Dans le texte de citation lui accordant la Légion d'honneur pour compter du 6 septembre 1918, il est indiqué que Belin «s'est dépensé sans compter, risquant constamment sa vie pour assurer des liaisons d'une importance capitale. A été un exemple vivant d'héroïsme et un collaborateur dévoué et zélé pour son chef de bataillon. Déjà deux fois blessé au cours de la campagne.» Nous l'avons vu, la première de ses blessures est survenue dès août 1914. Une nouvelle citation dira : «Rentré de permission en plein combat, a repris de suite sa place à son bataillon engagé en première ligne et s'y est de suite largement employé. Appelé à l'improviste à prendre le commandement d'un bataillon voisin engagé également en première ligne dont deux chefs venaient d'être successivement blessés, a grandement contribué à la réussite de l'opération, atteignant en flèche avec un flanc découvert les premiers objectifs assignés». Le 152e RI, confié au commandant Michelin, sert alors de nouveau en Belgique. 

Le 2e bataillon vient de perdre son chef, le jeune capitaine Piard-Deshayes, 25 ans, mortellement blessé dans la nuit du 30 septembre du 1er octobre 1918. Le capitaine Lecomte le remplace. Puis le capitaine Belin. L'historique du régiment indique – sans en préciser la date, mais il s'agit sans doute du 24 octobre – qu'après avoir quitté Wecken, le 15-2 a livré sa dernière attaque, laquelle a été insuffisamment préparée par l'artillerie. Livrée par le 1er bataillon du commandant Liniers et le 2e bataillon, ce sera un demi-succès. Le JMO du 152e RI précise en effet qu'à cette date, l'unité devait attaquer le matin entre la route et la voie ferrée de Gand à Courtrai, à proximité de Zultz. Cette attaque, dira l'historique régimentaire, «devait coûter la vie au commandant du 2e bataillon, l'héroïque capitaine Belin, jeune officier (…) dont la carrière s'annonçait brillante, et qui laissa au régiment d'unanimes regrets». Le Bragard décède le 24 octobre 1918 des suites de ses blessures à l'ambulance d'Iseghem. 

 Le capitaine Belin était, à 25 ans, le plus jeune Haut-Marnais à avoir commandé au feu un bataillon. Son nom est inscrit sur une plaque dans l'église de Gigny ainsi qu'à l'Estic. Son père, né à Vincennes en 1856, est décédé le 7 janvier 1914. Chevalier de la Légion d'honneur depuis 1891, Saint-Cyrien, il venait d'être promu officier de l'ordre comme colonel des services spéciaux de la 8e région. C'était un vétéran de l'expédition du Tonkin et de Madagascar. 

  Sources : état civil de Saint-Dizier ; historiques des 45e et 152e RI ; Journaux de marche et d'opérations des 45e et 152e RI ; site Mémoire des hommes ; Journal officiel.