mercredi 28 décembre 2011

Hommes de sciences à l'honneur dans "Mémoires de Haute-Marne" n°3




Le numéro 3 de "Mémoires de Haute-Marne" vient de paraître. Il est essentiellement consacré à des hommes de sciences nés dans le département, et notamment dans l'arrondissement de Langres.

Au sommaire :
- Camille Flammarion et sa famille (par Jean Petit, vice-président du club Mémoires 52) ;
- Scientifiques du Pays langrois : Laurent, Violle, Desgrez, Delannoy, Walferdin (par Lionel Fontaine et Didier Desnouvaux) ;
- Un héros de la Campagne du Mexique : le général Théodore Galland, de Baissey ;
- Un Haut-Marnais, officier FFI à 71 ans : le commandant Recouvreur, d'Ageville ;
- De nouvelles précisions sur des pilotes haut-marnais de la Der des Der et de l'aviation civile ;
- L'hommage d'une Chaumontaise à son bisaïeul, Adulphe Toussaint, sculpteur de pierres (par Marie-Claude Simonnet).

Ce numéro est disponible au prix de 10 euros auprès du club Mémoires 52, 1 bis, rue Dutailly, 52000 Chaumont.

1870 : un vétéran de la Garde reprend les armes à 81 ans...

Dans le numéro 28 de « Dossier 52 », notre président-fondateur Jean-Marie Chirol reproduisait un article paru dans L'Illustration en 1935, intitulé « Glanes historiques », qui évoquait l'épisode du bris d'une assiette par Napoléon lors de son passage par Ceffonds, le 28 janvier 1814, mais aussi l'incroyable histoire d'un vétéran de la Grande Armée ayant repris les armes en 1870.

Il s'agit d'un nommé Bourgeois, de Noidant-le-Rocheux (canton de Langres), grand-oncle du Dr Bonnet, de Nogent. Voici ce que le médecin raconte dans cet article  : « Il y eut une escarmouche aux abords du fort de La Bonnelle, à 6 km au sud de Langres, tout près de Noidant-le-Rocheux. Au bruit du canon et de la fusillade, l'oncle Bourgeois accourut sur le terrain du combat, où il ramassa un fusil abandonné. Il avait 84 ans ! Avançant toujours, il arriva devant les Prussiens, qui firent prisonnier l'octogénaire et le conduisirent à leur chef, un commandant, qui parlait fort bien notre langue. Quand le feu eut cessé, cet officier lut avec solennité au vieillard une décision du commandement ennemi ordonnant que l'on fusillât sur le champ tout civil surpris les armes à la main. Il ajouta qu'en raison de l'âge du prisonnier la reddition de son arme serait simplement exigée et qu'on lui laisserait la vie et même la liberté. « Je ne puis rendre les armes, répondit le vieillard. Je suis de la Garde impériale. Ce serait la première fois ». L'officier allemand interrogea alors mon grand-oncle sur l'Epopée en manifestant un respect pour ce témoin survivant. Il décida pour en finir : « Nous allons allumer un grand feu, vous y jetterez votre fusil, vous brûlerez votre arme et, de part et d'autre, l'honneur sera sauf. » Ainsi fut fait... »

Ce grand-oncle Bourgeois ne peut correspondre qu'à Nicolas Bourgeois, domicilié à Noidant-le-Rocheux lorsqu'il reçut la médaille de Sainte-Hélène. Il est précisé, dans le dossier relatif à cette distinction conservé par les Archives départementales (cote R 25), qu'il servit dans le Train d'artillerie de la Garde. Mort à Noidant, le 5 décembre 1885 (et non en 1882, comme il est précisé dans L'Illustration), à l'âge de 96 ans, il était né à Buzon (faubourg de Langres) le 17 mai 1789, fils de Gilles, cultivateur. Nicolas Bourgeois était veuf de Catherine Prodhon à son décès. Il l'avait épousée en 1816 à Noidant.

lundi 5 décembre 2011

Au revoir, "Pépé"




Fervent serviteur du sport amateur haut-marnais (il était le fondateur du club de volley-ball de l'ASPTT de Chaumont, devenu aujourd'hui CVB 52 HM, club de Pro B dont il était le président d'honneur et dont il assistait, jusqu'à récemment, à toutes les rencontres à domicile), pacifiste, libre penseur, président d'honneur de l'association des militants de gauche Ensemble, Robert Jeanmougin, qui a donné son nom, de son vivant, à un complexe sportif chaumontais, vient de nous quitter à l'âge de 93 ans.

Il fut membre bienfaiteur du club Mémoires 52, dont il appréciait tout à la fois nos publications et la personnalité de notre président fondateur Jean-Marie Chirol, dont il partageait nombre de convictions.

Nous entretenions nous-même, avec lui, des relations basées sur le respect et l'amitié, de par nos activités professionnelles et notre intérêt pour l'histoire des Haut-Marnais ayant servi au sein du 21e régiment d'infanterie coloniale en 1944-45.

Car si Robert Jeanmougin souhaitait davantage mettre en avant ses « états de services civils », comme il nous l'a jadis écrit, il n'en était pas moins un brillant combattant de la Seconde Guerre mondiale.

Né en 1918 à Amblans (Haute-Saône), Robert, alias « Pépé » Jeanmougin, fut d'abord un agent de l'administration postale avant de rejoindre volontairement, avant guerre, l'armée (au 9e zouaves à Alger). Réintégré aux PTT après la dissolution de l'armée d'armistice, en poste en Haute-Marne, domicilié en 1944 à Sarcicourt, il rejoignit le maquis Duguesclin, où il servit, comme sergent, au sein de la 3e compagnie du lieutenant Agniel. Après la libération de Chaumont, il estima qu'il n'en avait pas assez fait en s'enrôlant au bataillon de Chaumont (caserné au quartier Foch) puis au 21e RIC, d'abord au sein de la section de mortiers de 81 de la compagnie d'accompagnement du 1er bataillon, puis de la compagnie de commandement, en qualité d'adjoint à l'officier d'état civil.

« Ma triste mission, nous écrira-t-il en 1993, consistait à ramasser les restes des tués du 1er bataillon sur les divers champs de bataille, à collecter leurs effets personnels, à les faire placer dans un cercueil puis à les faire inhumer au cimetière militaire de Strasbourg ». De terribles souvenirs qui conduiront cet ancien militaire, promu sergent-chef en 1945, à devenir plus tard un pacifiste convaincu, partisan, notamment, de la réhabilitation des « mutins » de la Der des Der.

Dernier président de l'association des combattants républicains de la Haute-Marne (nous garderons en mémoire ce dimanche où, sur la place de la Concorde à Chaumont, à l'occasion d'une poignante Fête des drapeaux, il remit solennellement l'emblème de cette amicale qui venait d'être dissoute), Robert Jeanmougin ne manquait jamais la cérémonie d'hommage aux résistants chaumontais fusillés à La Vendue.

Robert Jeanmougin était, non par la taille, mais par sa simplicité, sa générosité, la force de ces convictions, un homme grand. Nous saluons ici sa mémoire et adressons nos sincères condoléances à sa famille.

La photo qui accompagne cet hommage provient de sa collection personnelle. Elle représente les hommes de la 3e compagnie du maquis Jérôme, cliché pris en septembre 1944. Le sergent Jeanmougin est à l'extrême-droite de cette photo, au troisième rang.